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MONDUS VIVENDI

Un tour du monde en famille

grenouille
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Carnet de route - Thaïlande


Coco Tao

Dans notre « manga-bus », nous grappillons à la nuit quelques instants de sommeil avant d’arriver à 3 h du matin à l’embarcadère, où de vieux fauteuils rescapés posés sur des pneus font office de salle d’attente. Notre rencontre avec deux couples français nous permet d’écourter l’attente jusqu’au départ du bateau à 7 h, et inaugure de longs moments de partages et d’aventures avec eux tout au long de notre séjour sur Koh Tao.


Le lever du jour dévoile un joli village debateau de pêcheur pêcheur qui s’affaire déjà autour du marché local et des bateaux qui rentrent au port. L’atmosphère est paisible et la brume matinale nous couvre de douceur. Nous embarquons pour 3 h de bateau en direction de Koh Tao, petit confetti perdu au milieu du golfe de Thaïlande, où cocotiers, fonds marins somptueux et plages de sable blanc nous attendent. La rumeur court, des requins-baleines passent au large de l’Île en ce moment… quête absolue de tout plongeur, Manu est déjà excité par l’idée de cette gigantesque rencontre.


Nous posons nos bagages dans un agréable hôtel (avec piscine) et partons explorer les alentours. 200 mètres nous séparent d’un club de plongée, le « French Kiss divers » où Manu réservera sa première plongée. Nous poursuivons et notre estomac nous attire vers un resto proposant pâtes et pizzas. Heureux hasard, le proprio est français et nous retrouvons nos amis de la veille. Je ne sais si c’est le manque de sommeil, l’ambiance détendue des îles, le fait de parler français ou le doux mélange de tout cela, mais la sensation d’être juste ailleurs, dans un espace-temps non identifiable, nous traverse.

coucher de soleil


Difficile de trouver en Asie une crème hydratante qui ne soit pas également une crème blanchissante. Alors qu’une moitié du monde vient sur des iles comme Koh Tao pour bronzer, l’autre moitié se couvre de crème pour blanchir. Allez y comprendre quelque chose ! Mais les humains sont ainsi, toujours insatisfaits. En témoignent également les ladys-boys aux tenues soignées qui tiennent ici un salon de coiffure ou dansent au cabaret local, le « queen », quand la frontière entre homme et femme devient plus floue. Elles semblent bénéficier en Thaïlande d’un vrai statut, loin des attitudes infantiles et des moqueries courantes en occident.


L’île sort à peine de 15 jours de tempête et quelques nuages s’attardent encore avant de partir arroser d’autres cieux. La mer a rejeté à l’occasion sur quelques criques les déchets des humains mal éduqués qui abîment ces côtes à coups de flemme et d’ignorance. Mais bientôt, le soleil vient inonder les plages et notre tour de l’île en compagnie de nos amis sur un  « long tail boat » typique sera une expérience fabuleuse. Les arrêts snorkeling permettront à Titouan et Estéban d’observer les poissons qui batifolent tout autour de nous. La vie insulaire a la caractéristique de les pieds en évantailsuspendre la sensation du temps qui s’écoule sans qu’on y pense. Seul le coucher du soleil au « Lotus bar », bercés de musique sur des tapis posés à même le sable, reste un rendez-vous incontournable où l’on se retrouve pour de longues discussions sous les cocotiers. Plus tard dans la nuit, on y sert l’alcool dans des seaux en plastique, ce qui n’est pas sans incidences sur la mode à Koh Tao : bandages, brûlures et éraflures sont ici du plus bel effet. Le scooter est en effet le moyen le plus pratique pour se déplacer, mais la forte inclinaison des routes et les bancs de sable ont raison des moins habiles ou des plus éméchés. L’offre s’adapte à la demande, et l’on compte sur l’île un nombre de centres de soins d’urgence en totale disproportion avec sa taille ridicule.


NangyuanLe clou du spectacle reste l’ile de Nangyuan, située au nord-ouest, à 15 minutes de long tail boat du Village de Sairee où nous logeons. Nous avons eu l’heureuse idée de la visiter le matin, avant la déferlante de touristes en gilets de sauvetage. Cette curiosité géologique est constituée de trois iles reliées entre elles par un banc de sable blanc. L’effet est des plus extraordinaires, et le contraste entre le vert des arbres, le blanc du sable et les eaux turquoise a toujours quelque chose de magique, proche de l’idée du paradis sur terre. Les sites de snorkeling et de plongée entourent l’ile et Titouan fera ici ses premières armes avec le masque et le tuba, avec un enthousiasme qui préfigure une première plongée, peut-être à Bora-Bora ?


Mon ordinateur de plongée indique une eau à 31 °C, température qui semble convenir aux bancs de barracudas, aux gigantesques mérous, batfish, nudibranches et autres spirographes colorés qui arpentent ces fonds en compagnie des requins-taureaux et requins-baleines. Ces derniers resteront pourtant invisibles. Tant pis pour cette fois. MérouCertainement moins saisissant, mais non moins captivant, le jeu entre une crevette qui creuse son trou et un gobie qui en garde l’entrée, tout en s’écartant pour la laisser sortir son sable, offre le spectacle d’une coopération entre animaux de différentes espèces. Au-delà des merveilles quelle recèle, la mer sait aussi offrir quelques leçons de vie au passage.


Retour en sens inverse. Départ à 14 heures. Arrivée prévue à Bangkok à 5 heures du matin. Une longue halte à l’embarcadère de Chumphon nous permettra de nous ravitailler à un magasin-resto local où aucune limite ne sépare le restaurant, les cuisines et le magasin de la vie familiale des trois générations qui partagent l’habitat. À deux pas du berceau, entre la télé allumée et le « rayon » des produits ménagers, la cuisinière nous prépare en direct un « fried rice », parmi les habitués, dans une ambiance sympathique.

Arrivés au petit jour à Bangkok, nous assistons à la métamorphose de la bête. La faune nocturne regagne peu à peu ses pénates pour laisser place aux marchands installant leur stand, tandis que les éboueurs nettoient la piste aux étoiles. La prostituée croise khaosan roadle type au marteau piqueur qui salue le bonze au milieu des tuk-tuks qui guettent la touriste américaine. En fin d'après-midi, des stands de bouffe sortis de nulle part envahissent les lieux, puis des bars surgissent du néant devant les magasins fermés, en transportant tout le matos : les chaises, les tables, le comptoir, la sono, etc. Et me voici à fumer une clope à 21h sur Khaosan road, en plein Bangkok, en écoutant de la country jusqu'à « Yellow river », titre popularisé en français par Joe Dassin (L’Amérique). Décidément, la notion de frontière et d’espace-temps n’existe pas dans cette rue mythique qui change de physionomie toutes les heures, exploitant chaque portion de cet espace privilégié qui ne s’arrête jamais de vibrer.


Une nuit, un jour, une nuit…

 

 

 

 



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