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MONDUS VIVENDI

Un tour du monde en famille

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Carnet de route - Chili


Objectif Lune

chanaralOn peut toujours chercher quelques charmes à la laideur la plus profonde. C’est même un exercice hautement recommandé pour qui atterrit par erreur à Chanaral. Coincée entre le Pacifique et les montagnes, disposant d’un sable blanc limpide, l’endroit aurait pu être magnifique. Mais il aurait pu seulement. Les maisons de bois disséminées dans la ville ont des airs de western, mais la plupart sont délabrées. Arrivés très tôt en bus, nous découvrons aux premières lueurs cette ville marquée par l’abandon dont les habitants ont l’air abasourdi. On se demande ce qu’on est venu faire ici, d’autant que, étant hors saison, plus rien n’est organisé pour rejoindre le parc National voisin en dehors des taxis forcément chers qui vous lâchent à l’entrée et basta.


pollutionLes vautours qui dorment sur des poteaux le long du littoral ferment les yeux sur les verres cassés et autres déchets bordant la nappe de mousse jaune d’une mer polluée comme jamais. À la réflexion, la morosité ambiante n’est certainement qu’une conséquence d’un tel manque de respect pour l’environnement. Nous repartons dès le lendemain matin dans le bus qui rejoindra La Serena sept heures plus tard. La ville n’est pas grandiose, et nous écumons les magasins pour remplacer les chaussures usées de Titouan. Par égard pour notre budget, nous nous serrons à quatre dans deux petits lits. Le chauffage n’étant pas arrivé jusqu’ici, cela a le mérite de nous tenir au chaud pour dormir. Pour le reste, on fait avec les équipements chiliens, mais à des prix quasi européens.


cerro tololoUn nouveau bus nous mène à Vicuna, dans la vallée de l’Elqui, à 60 kilomètres de là. La région étant réputée pour ses ciels limpides, elle est devenue en quelque sorte la capitale mondiale de l’astronomie, avec plus d’une dizaine d’observatoires, dont certains, tel le Cerro Tololo, sont réservés uniquement à des usages scientifiques de haut vol. De quoi stimuler notre soif de découverte du visible au-delà du visible.


vallée de l'ElquiMais il nous faudra patienter, car après 7 ans de sécheresse, le ciel s’est décidé à arroser la vallée le jour de notre arrivée. Les habitants ont l’air aussi ravi que surpris. Tant mieux pour eux. En revanche, la pluie ne s’accorde guère avec le scintillement des étoiles. Tant pis pour nous. Dès le lendemain après-midi toutefois, le ciel se dégage et nous sortons de la ville pour explorer la campagne environnante. Alors que des sommets enneigés se dessinent au loin, les monts les plus proches ne supportent que les cactus. Le creux de la vallée abrite pour sa part de nombreux vignobles aux couleurs vives. L’ensemble créé des contrastes saisissants qui s’accentuent au coucher du soleil. Nous dégotons à Vicuna une « cabanas », genre de petit appartement, sommaire, mais sympathique. La petite ville est simple et agréable, avec sa tour médiévale importée d’Allemagne il y a un siècle. Nous attendrons donc tranquillement la réouverture de l’observatoire.


Un allemand installé à Vicuna propose des observations du soleil, grâce à une lentille spéciale filtrant les couleurs dangereuses pour nos yeux. Nous passons une heure en sa compagnie. Entre ses théories sur les OVNIS et la théorie des cordes, nous jetons un cathy au téléscopeœil dans le télescope pour observer quelques éruptions solaires, qui n’ont l’air de rien, mais envoyant dans l’espace des jets de plasma chauffé à blanc à 200 000 kilomètres de hauteur à la vitesse de 2500 KM/S. Dès lors que l’on pénètre un tant soit peu dans l’univers de l’astronomie, tout des chiffres, des températures et des distances s’éloigne de nos facultés habituelles de compréhension et de raisonnement. Parmi les voyages irréalisables pour l’homme, c’est certainement le plus passionnant, celui qui nous ramène finalement aux conditions exceptionnelles qui ont permis l’émergence de la vie sur terre par une succession de « hasards ou de nécessités ».


Le soir de notre 4e jour à vivre la tranquillité de Vicuna, l ’observatoire ouvre ses portes. Notre voyage vers les espaces intersidéraux commence par une présentation générale en espagnol où défilent planètes, étoiles et supernovas en ordre de taille. luneNotre soleil se révèle n’être qu’une toute petite étoile ridicule perdue dans un univers densément peuplé de galaxies. La configuration des astres nous permet d’observer au télescope la Croix du Sud, l’éblouissante Sirius, Saturne et ses anneaux ; et la lune dont on distingue nettement les cratères. L’absence d’érosion à sa surface explique la mémoire qu’elle garde de tous les impacts de météorites qu’elle a subis. Sans les vertus de l’oubli et de la cicatrisation, beaucoup d’hommes auraient cet aspect gris et défoncé. Mais la vie sur terre bénéficie heureusement de l’érosion des sols et des âmes. La planète bleue, unique berceau connu à ce jour de la vie. Il faut parfois prendre de la hauteur pour en apprécier pleinement toutes les saveurs, les cascades de couleurs et d’odeurs qui s’offrent sans retenue à qui veut bien cueillir ses joies, parfois discrètes, et ses impacts, parfois cruels.


 

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