Muraille de Chine
Le 12 septembre 2012 - Beijing
En ce mercredi matin (12 septembre), le clairon sonne à 6 h 30 et le soleil est déjà au rendez-vous. Nous allons enfin voir la Muraille de Chine.
Déclinant les offres « prêtes à emporter le touriste », nous avons trouvé une façon plus économique de nous rendre au site de Mutianyu : métro puis bus local jusqu’à la ville de Huairou, et, de là, mini van jusqu’à la Muraille. Nous prenons une entrée avec télésiège pour monter la montagne et toboggan géant (1,5 km) pour redescendre. Fantastique. Les enfants jubilent. Mais avant cela, petite randonnée de trois heures sur le plus gros ouvrage jamais bâti de mains d’hommes. Si l’on prenait les pierres de la muraille pour construire un mur de 5 mètres de haut sur 1 de large, il ferait le tour complet de la planète, comme nous ! Elle est si grande qu’on la dit visible de la lune, ce qui est absurde, car elle est toute en longueur, sur plus de 6000 km tout de même. Par contre, on peut voir la lune de la Muraille de chine, comme d’un peu partout dans le monde, ce qui contribue à unir les hommes entre eux ; plutôt que de dresser des frontières, si belles soient-elles.
Si la muraille n’a jamais servi à repousser une quelconque invasion (ce qui était sa raison d’être), elle éblouit aujourd’hui le visiteur par sa majesté et l’ampleur du projet. Au cœur d’une forêt de chênes, nous déambulons sur la crête d’une tour de guet à l’autre, profitant d’une brise rafraichissante et d’un calme bienfaisant qui nous ressourcent. La vue est superbe. Par chance, il y a peu de visiteurs (le site de Mutianyu est beaucoup moins fréquenté que Badaling, car moins accessible et peu desservi). Nous sommes parfois seuls sur certaines portions. Enfin, seuls, c’est sans compter les écureuils qui traversent devant Titouan et nos petits compagnons (belle araignée rouge minuscule trouvée par Estéban, coléoptères brillants, papillons et lézard à queue bleue). Nous entendrons parler de multiples langues au long de notre parcours, car ce « mur de séparation » que les Chinois se sont efforcés de construire pendant 2300 ans rassemble aujourd’hui hommes et femmes des quatre coins du monde. Merveilleux paradoxe de l’Histoire ! En tout cas nous rentrons comblés et ragaillardis par cette visite qui viendra clôturer notre voyage en Chine.
Ces derniers jours, nous avons consacré davantage de temps au travail scolaire et à la préparation de la prochaine étape, la Malaisie. Nous avons voulu profiter de quelques parcs et aller à la piscine. Mais la piscine était fermée et les parcs à Pékin ont peu de verdure au regard des espaces bâtis. Difficile d’y trouver du silence entre les pianistes à sono et les cantatrices chinoises qui émettent des cris stridents dans un micro qui sature : une des pires expériences auditives possible. On y trouve pourtant des monuments séculaires, des arbres magnifiques, des nénuphars immenses au bord des lacs où aiment voguer les pékinois en pédalos ; et une petite tortue qui nous a consolés de tant de civilisation !
Une balade dans les Hutongs permet d’approcher le mode de vie traditionnel à Pékin : un dédale de ruelles étroites où de petites portes ouvrent sur de longs couloirs qui irriguent les habitations. Le linge qui sèche dehors et des portes entrouvertes révèlent une précarité qui ne semble pourtant pas miséreuse. La brique grise habille ici tous les murs. L’arrivée de l’électricité y a produit un enchevêtrement de fils de toutes tailles qui encombrent la vue. Le contraste est saisissant au sortir de Wangfujing où s’alignent les boutiques de luxes et les buildings où le verre et les lumières s’imposent dans leur indécente modernité. Nous y trouverons un magasin de jouets où les enfants mèneront leur enquête sur les jouets chinois dont ils révèleront bientôt les secrets au monde entier…
Hormis en peluche ou en dessins animés amusants diffusés dans les métros (équipés de TV), nous repartirons de Chine sans avoir vu de Panda. Étant opposés à la séquestration abusive des zoos, nous zapperons celui de Pékin. Les pandas, symboles internationaux de la préservation des espèces menacées ont été victimes de la chasse et de la destruction de leur habitat. Les Chinois, qui ont si bien su préserver leurs vieilles pierres ont tardé à protéger le plus attachant des animaux. Ceux qui subsistent aujourd’hui dans la nature font l’objet de toute l’attention des autorités et il n’est pas possible de leur rendre visite. Tant mieux. Mais le seul fait de savoir qu’ils sont là, quelque part dans les forêts de bambou chinoises, est d’un grand réconfort. Leur présence discrète et silencieuse donne une ampleur supplémentaire à ce pays des superlatifs et des contrastes.