Arrivée prévue : le 9 mars 2013 - en provenance de Nouvelle-Zélande
Départ prévue : le 17 mars 2013
- Vers Los Angeles - USA
Puis départ le 20 mars 2013 - Vers le Costa Rica
Cap sur Moorea
Dans l’avion au départ d’Auckland vers Tahiti, le pilote annonce au milieu de l’océan que nous franchissons le méridien de Greenwich. La signification la plus immédiate de cette assertion est un voyage dans le temps, alors que nous reculons nos montres d’un jour complet, prêt à revivre différemment la journée du 9 mars 2013. De la fleur de tiaré à l’entrée dans l’avion aux musiciens jouant du ukulélé à l’entrée dans l’aéroport, tout est fait pour entretenir le rêve que véhicule la simple évocation de Tahiti. Ce rêve sur-mesure construit de toutes pièces par des promoteurs et voyagistes pour une clientèle fortunée venant se relaxer sous les tropiques dans des bungalows hors de prix, ne semble pourtant pas à l’image d’une Polynésie moins prospère qu’on veut bien le croire.
Reste ce parfum délicat qui embaume le hall de l’aéroport alors que nous nous faufilons entre les bras chargés de colliers de fleurs, venus sacrifier au rituel d’accueil des vacanciers à l’imaginaire flamboyant, pour trouver dans la pénombre notre pension de famille. Fifi nous attend à cette heure tardive dans sa cuisine. Son mari allongé sur une paillasse lève un bras pour nous saluer. Fifi est un personnage et n’a rien d’une vahiné avec sa bouteille d’oxygène et ses bras hors de proportion. Elle se dit heureuse avec ses clients, qui le sont peut-être moins dans cet endroit devenu glauque à force d’être délaissé. Mais Fifi n’entend plus les chiens, les coqs et les avions et attend sa grande fille qui viendra mettre un peu d’ordre dans la pension. Estéban a perdu son doudou dans l’avion, alors je retourne aux objets trouvés, mais rien à faire ; il va falloir grandir !
Nous sommes de retour en France, étrangement à l’autre bout du monde, relique d’une époque où les Européens se partageaient le monde. Mais la machine à billets crache des francs pacifiques, gros billets couleur locale et pièces de monnaie démesurées. Pour le reste, l’odeur des croissants, l’enseigne de la Société Générale, le beurre de Normandie, les 404 Peugeot et les coquelines attestent d’un retour momentané au bercail. Le fait de parler français nous surprend, autant que la conduite à droite, alors que le 4X4 de Fifi nous amène au ferry de Moorea. Nous traversons le marché de Papeete du dimanche matin où quelques bananes peu engageantes se disputent la vedette, pour finir à la caisse du petit Casino derrière un groupe de travestis.
Les reliefs accentués de Tahiti s’estompent à mesure que ceux de Moorea se dévoilent, dans une clarté telle qu’il est difficile de garder les yeux ouverts. Le récif, la barrière de corail, la couleur de l’eau passant du bleu profond au turquoise sur fond de verdure luxuriante, il n’y a rien à redire, c’est beau ! Un vieux bus fait le tour de l’île. Nous descendons les derniers, complètement à l’opposé du port, devant le camping Nelson, tenu par Neslon, sans enthousiasme. La moiteur tropicale que nous retrouvons avec plaisir laisse augurer des nuits moins fraiches sous notre tente chargée de rendre ici ses derniers services à l’abri de quelques cocotiers.
La plage qui borde le camping est désespérante : sable blanc, eau claire, cocotiers, grosses vagues qui s’échouent sur la barrière de corail dans le lointain ; ce n’est pas grave, on devrait s’y faire. Si une petite raie se faufile tranquillement au bord de la plage, il faut aller plus loin pour trouver des spots de snorkeling plus abondamment peuplés. Plus au nord, après une petite demi-heure de marche, les enfants découvrent, sans même avoir besoin de masque et tuba, des balistes clown, des poissons-papillons, flutes, léopards, et autres habitants de ces îles perdues au beau milieu de l’océan pacifique, à peine visibles sur un planisphère. Le soir venu, les requins se rapprochent, laissant apparaitre leurs ailerons menaçants entre deux chasses.