Bleu Nature
Le ferry nous ramène de la petite île de Kangaroo Island jusqu’à la grande nommée Australie. Le temps d’admirer quelques beaux camions et nous reprenons la route qui nous conduira à travers des paysages variés jusqu’à la petite ville de Victor Harbor. Nous profitons des commodités offertes par ce lieu tranquille pour vivre à l’australienne et préparer la suite de notre périple. Nous faisons nos courses au supermarché et préparons nos repas comme à la maison, dans la cuisine équipée du camping (camp kitchen). Les 
garçons profitent des multiples aires de jeux, dont certaines sont accessibles aux enfants en fauteuil roulant. Nous traversons le grand pont de bois qui relie la ville à « Granit Island » qui, comme son nom l’indique, a résisté à l’érosion grâce à la dureté de sa roche. Un tram tiré par un cheval propose la traversée, mais nous préférons user de nos jambes qui nous porteront tout autour de cette île dont les roches sont couvertes par endroits de lichens de couleur orangée. Une halte nous permet d’observer les cormorans qui se prélassent sur les rochers avant de rejoindre « the bluff », une colline bordant la ville qui offre un panorama superbe sur toute la baie d’un côté, et de l’autre, sur des falaises abruptes où les vagues viennent se briser. L’endroit est magique au coucher du soleil qui colore les herbes sèches.
Nous reprenons la route en direction du Coorong national park où une lagune intérieure s’étire sur 100 kms, protégée de la mer par des dunes de sable. L’endroit constitue un refuge pour des centaines d’espèces d’oiseaux. En chemin, nous 
découvrons des lacs asséchés remplis de sel dont la blancheur se reflète au soleil. Certains présentent la particularité de décliner toutes les nuances de rose, créant un paysage irréel. Nous marchons un moment sur un lac rose dont les cristaux de sel crissent sous nos pas. Puis une pause pique-nique sera écourtée par les mouches collantes qui peuplent la région et viennent se coller au visage, façon torture chinoise. Au milieu du parc, nous nous arrêtons à un endroit d’où l’on peut observer une île où les pélicans se reproduisent. Ils sont des centaines à vivre ici et nous les voyons voler au-dessus de nos têtes, en formation en V.
Au « miles 48 crossing », il 
est possible de traverser la lagune et nous rejoignons la plage après une petite randonnée dans le sable au milieu du bush. La plage immense est quasi vide et offre un spectacle fabuleux. Des millions de coquillages brisés s’accumulent sur la plage. En s’agrégeant ainsi depuis des millions d’années, ils forment aujourd’hui la roche de ce qu’on appelle la « limestone coast », région autrefois recouverte par la mer.
La route nous mènera le lendemain jusqu’à Mont Gambier où trône un lac bleu dont la couleur vire au gris en hiver. Au cœur du cratère d’un volcan ayant explosé il y a à peine 5000 ans, le bleu cobalt du lac est indescriptible tant il est bleu ! Le vent frais qui souffle crée des courants sur la surface qui se pare de nuances turquoise sur les bords. Profond de 70 mètres, ce lac étonnant fait partie de l’histoire géologique d’une région où la roche poreuse joue un rôle essentiel dans la circulation de l’eau sous terre. Certaines des nombreuses grottes ont vu leur plafond s’effondrer, créant des trous énormes, désormais utilisés pour créer des jardins somptueux dans ce décor hors du commun. L’un d’entre eux abrite parait-il un groupe d’opossums.
L’animal étant nocturne, nous revenons à la nuit tombée pour tenter d’apercevoir un de ces curieux animaux qui jouent les stars dans le film « l’âge de glace ». Dans le faible éclairage, l’un d’eux pointe finalement son museau, sortant d’une des nombreuses cavités de la roche qui leur sert de refuge en journée. Attirés par des bouts de pomme offerts par un des visiteurs, ils s’aventurent timidement plus près de nous. Nous qui avions déjà renoncé à l’idée d’en voir, sommes comblés par cette rencontre. Il nous sera même possible d’en caresser un, plus téméraire que ses confrères, et d’apprécier l’extrême douceur de son pelage. Mais il est temps de rentrer, car les petits yeux demandent un sommeil réparateur après une nouvelle nuit écourtée par une minitempête qui secoua la tente un bon moment.
Le lendemain, nous prenons la direction 
des Grampians, mais l’annonce d’un spectacle de voitures de course, et sous la pression des garçons, nous changeons nos plans et prenons le chemin des vieilles caisses que nous croisons en ville. Nous sommes le 26 janvier et l’Australie entière fête « Australia day ». Une voiture émerge de la fumée après avoir tourné sur elle-même jusqu’à crever ses pneus. Du bruit, de l’adrénaline, de belles voitures américaines, une ambiance hamburger-frite et les rondeurs qui l’accompagne, et voici l’Australie festive. Les enfants sont aux anges devant tant de moteurs triomphants qui dépassent du capot et nous nous régalons devant de vieilles dépanneuses surbaissées sorties tout droit d’un film des années 50.
Port Fairy sera notre prochaine étape, et la porte d’entrée de la fameuse « Great ocean road » qui nous conduira jusqu’à Melbourne.
