Paraty, ce paradis
Une journée complète de voyage nous attend, de l’aéroport minuscule de Bonito au second plus grand terminal de bus du monde à Sao Paulo, avec plus de 90 plateformes 
d’embarquement. N’ayant pas de chemin de fer, le Brésil, comme les autres pays d’Amérique latine, a développé un vaste réseau de bus modernes qui parcourent le pays dans tous les sens. Mais vu les distances, l’avion se révèle une bien meilleure solution, parfois pour le même tarif. À l’aéroport de Bonito, une piste, une remorque pour les bagages, un guichet, un seul avion par semaine pour Sao Paulo et une heure de retard. Mais quel avion, avec ses hélices et les ailes perchées sur la carlingue !
Des paysages verdoyants défilent sous nos yeux, la plupart voués à l’agriculture, dessinant par endroits des formes étranges faisant penser à des personnages ou des tableaux abstraits. Nous atterrissons à une centaine de kilomètres de Sao Paulo et devons attendre un bus qui nous mènera jusqu’à la mégapole où une population nombreuse s’agite encore dans les couloirs du métro à 22h. Nous quittons dès le lendemain matin cette forêt d’immeubles décrépis pour une destination qui nous est inconnue, mais sur la route, parait-il, de Paraty. Nous traversons longtemps les « anneaux de la ville », comme Estéban appelle la banlieue de Sao Paulo (en référence à Saturne).
Une fois à Paraty, nous cherchons en vain pendant deux heures notre auberge, mal située sur le plan et inconnue des habitants. Le temps n’est pas fameux, mais des 
éclaircies nous permettent de découvrir cette petite ville fabuleuse et pleine de charme. Sur le port, des bateaux aux couleurs vives proposent des balades tandis qu’à deux pas de là, les vautours envahissent la mangrove également habitée par de beaux hérons se reflétant nonchalamment dans les eaux calmes. Les rues pavées de pierres du centre historique bordent des maisons coloniales aux portes et fenêtres colorées. Les lampadaires en fer forgé, les fleurs qui courent sur les murs, un cheval tirant une petite carriole nous transportent au temps où les voitures n’avaient pas encore envahi nos vies. Interdit aux véhicules à moteur, le centre de Paraty est un îlot de tranquillité où il fait bon se promener pour admirer une architecture originale. Plus loin, la plage se fait accueillante aux jeux de sables. Le soir, les guitaristes animent les restaurants et des Indiens vendent leur artisanat dans la rue.
Un matin, quelques petits singes « saguis » viennent jouer quelques instants dans les arbres de notre auberge. Puis, nous embarquons à bord d’une jeep jaune pour faire un tour près des cascades des environs et découvrir la luxuriante forêt atlantique, peuplée de petits oiseaux très colorés. Sasa sera notre guide et nous naviguons entre le portugais, le français, l’espagnol et l’anglais pour nous comprendre. Mais la plupart du temps, la nature parle d’elle-même. La première cascade est l’occasion de jouer à 
Tarzan en se balançant au-dessus de la rivière, pendus à une corde. D’abord impressionnés, les garçons y trouvent un plaisir simple et paisible comme cet endroit, où des rais de lumière percent les feuillages. Après la visite d’une distillerie dont les alambics en cuivre participent à la transformation de la canne à sucre en alcool, nous parvenons au toboggan. Il s’agit d’une cascade où l’eau s’écoule sur une roche lisse sur une trentaine de mètres. On y glisse à même la roche sur les pieds ou sur les fesses pour atterrir enfin dans un bassin. L’eau est fraiche, mais l’appel du fun est irrésistible.
Le lendemain, nous prenons un bus vers Trindade, petit village doté d’une plage magnifique et quasiment déserte, en dehors de quelques fesses typiquement brésiliennes. Le soleil est au rendez-vous pour bercer de lumière les vagues gigantesques où s’amusent quelques surfeurs. De gros rochers ponctuent la plage où les constructions en sable des enfants ne résisteront pas à une vague un peu plus grosse que les autres qui emporte tout sur son passage. Mais une petite glace de chez « pistache » console bien des malheurs !
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