L'heure du dragon
Ce qui est habituellement un parking plutôt rustique, situé à deux pas de chez nous va devenir sous nos yeux le théâtre d’une fiesta monumentale. Rentrant du centre-ville de KL (c’est ainsi que l’on désigne Kuala Lumpur ici), nous sommes attirés par des sons de tambours et une silhouette inhabituelle qui se dandine au loin. Forcément attirés, nous nous retrouvons en l’espace d’une seconde entourés de dragons colorés, de figurines géantes et de Malais qui dansent au rythme de tambours endiablés dont l’écho résonne sur le mur adjacent. Celui-ci porte une inscription qui n’est pas pour rien dans l’évènement auquel nous assistons : « preserve our heritage, a community project ». Une fête porteuse d’un sens pour ces Malais engagés dans la préservation de leur quartier.
Nous ne comprenons pas tout ce qui se passe, mais la fête prend de l’ampleur et nous nous laissons embarquer dans le mouvement, passant avec le flot sous un dragon remuant. Il est des moments où il faut juste savoir être là et se laisser bercer par l’enthousiasme collectif. Si les couleurs vives des dragons et tambours s’estompent avec la nuit tombante, c’est pour mieux renaître avec les lumières de la nuit. Celle-ci ne fait que commencer, et les lampions se préparent déjà pour un grand défilé qui mènera à travers le quartier un dragon gigantesque de plus de 150 mètres de long, mené par une centaine d’hommes, plutôt jeunes. Chacun tient un bâton et gère une partie du colosse tout en se coordonnant avec les autres pour donner vie à l’animal mythologique par excellence en Asie.
La magie du voyage opère à 100 % dans ces moments imprévus, notés sur aucun guide, qui permettent dans l’inattendu de savourer toute les subtilités d’un pays. La Malaisie a toute sa part de surprises. Chaque balade est l’occasion de découvertes dans une nation aux inspirations multiples. Si le muezzin se fait entendre discrètement de-ci de-là, Kuala Lumpur reste une ville bigarrée, ouverte à tous les possibles. Dans une même rue, on se recueille dans les volutes d’encens d’un temple chinois, puis on assiste aux offrandes au pays de Shiva et Vishnou, avant de voir sortir des écoliers en uniformes certes, mais différents selon les croyances et convictions de chacun. S’il y a des crispations identitaires, elles ne transparaissent pas dans la ronde des visages que nous croisons.
Mardi soir, retour au centre-ville, pour assister au spectacle des Tours Pétronas illuminées. KL by night, avec en prime la féérie de l’eau des fontaines qui dansent au rythme des couleurs. Demain sera une journée plus tranquille ; travail scolaire le matin, jeux et piscine l’après-midi. Les enfants se sont mis sérieusement à l’anglais, percevant bien en voyage tout l’intérêt de pouvoir communiquer à travers le monde.
Nous réservons notre transport pour le parc national Taman Negara, qu’il nous faudra une journée pour rejoindre : quatre heures de bus et trois heures de pirogue pour se perdre au milieu de la jungle. Changement de décor en perspective.
Achat de dernière minute avant le départ : du sel, pour enlever les sangsues…
À suivre...