Batu caves
Ce matin, nous nous dirigeons vers Batu Caves, grottes naturelles devenues un temple hindou en 1891? à une demi-heure en train de Kuala Lumpur. Le long des quelque 250 marches qui mènent aux grottes, des singes de type Hanuman déambulent, jouent et surveillent le moindre visiteur imprudent qui transporterait un objet ou de la nourriture à leur goût. S’en suivent quelques confrontations et de nombreux rapts, les humains ordinaires faisant figure d’hippopotames devant l’agilité et la rapidité de nos cousins.
Ils sont les maîtres incontestés des lieux, avec une flopée de pigeons, qui grattent eux aussi les restes des offrandes destinées au panthéon hindou. Au sein de ce dernier, Hanuman est un dieu au visage de singe, chef de leur armée. De nombreux lieux de cultes hindous lui sont dédiés. Une statue d’une quinzaine de mètres le représente lorsqu’on arrive sur le site, soit peu en comparaison de l’immense statue dorée qui veille sur les pèlerins aux pieds des escaliers. Cette statue de 43 mètres est la plus haute du monde représentant Murugan, auquel le site est dédié.
La présence des singes sur le site participe pleinement à son mystère. L’ambiance qui règne ici est en effet des plus étranges entre les ruissèlements d’eaux, les cérémonies religieuses, le mouvement des animaux et les touristes plus ou moins rassurés, dans un décorum indien vieilli sur fond de grottes naturelles gigantesques (100 mètres de hauteur). Se déroule ici une fois par an un spectacle encore plus frappant. Des hommes, en vue de l’exaucement d’un vœu, et pour témoigner de leur foi, trainent un char accroché à leur dos par des crochets fichés dans la peau. Dans un état extatique et fortement drogués, au milieu d’une foule de pèlerins (1,5 millions en 2007), ils réalisent une démarche teintée de superstition, de dévotion et de masochisme, qui témoigne de la forte imprégnation de la religion, quelle qu’elle soit, en Malaisie.
Le train « KTM Komputer » que nous empruntons pour rentrer est étonnant de modernisme (écrans, signaux visuels, adaptation aux fauteuils roulants, etc.) et présente la particularité d’avoir des wagons exclusivement réservés aux femmes. Si celles-ci peuvent aller où elles veulent dans le train, les hommes sont eux contraints d’éviter les quartiers privés de ces dames, où seuls sont tolérés les enfants mâles pouvant les accompagner. De même, si certaines écoles sont mixtes, d’autres sont destinées à éduquer chaque sexe à l’écart de l’autre, et parfois à l’attention exclusive d’une confession particulière. Le multiculturalisme est-il finalement un vœu pieux ? Il ne signe en tout cas pas la disparition des spécificités culturelles auxquelles chaque groupe est attaché. Toujours est-il qu’un climat de tolérance semble prédominer dans une nation nouvellement indépendante et fortement unie autour de son drapeau. Le concours de lampions qui se déroule à Central Market témoigne à travers la diversité des réalisations de la multiplicité des intérêts qui traversent cette nation tournée vers l’avenir.
Après une balade dans le Jardin des Orchidées dans le grand parc aux lacs de KL, le tour du monde ne suffisant pas à couvrir notre appétit de découverte, nous nous offrons un voyage dans l’espace au Planétarium. Nous terminons tranquillement, dans la chaleur tropicale qui écrase Kuala Lumpur ces jours-ci, notre périple en Malaisie. Sous la brise bienfaisante d’un ventilateur, préparation de l’étape suivante, l’Indonésie.