MONDUS VIVENDI

Taman Negara

Chinatown s’éveille sans précipitation. La frénésie du soir à laissé la place à un marché aux puces improvisé sur les trottoirs. Les rues sont calmes à 8h00 du matin quand nous quittons Kuala Lumpur par le bus qui nous conduira quatre heures plus tard à la jetée de Kuala Tembeling. En chemin la Malaisie s’offre à nos regards curieux, des grands ensembles quelconques de la banlieue de KL aux paysages luxuriants qui se déroulent ensuite le long de la route. À Kuala Tembeling, où nous embarquons sur notre pirogue en bois vers le Taman Negara, le spectacle est déjà grandiose : une large rivière boueuse bordée d’une jungle épaisse s’étend au loin vers la plus vieille forêt tropicale humide de la planète. De ses 130 millions d’années, elle rétrécit le temps vers une époque où les dinosaures régnaient en maîtres. Elle a survécu à toutes les catastrophes, dont l’exploitation humaine, pour devenir en 1937 un espace protégé, territoire des tigres, panthères, ours à colliers, tapirs et autres créatures. Les cris des animaux, insectes et volatiles y résonnent de toutes parts. L’Homme, « homo-quelque chose », sous ses formes premières, n’apparait que tardivement dans l’histoire de cette forêt, il y a 7 ou 8 millions d’années.

Notre pirogue motorisée, contenant une quinzaine de personnes, file sur les flots, voguant d’une rive à l’autre pour éviter les bancs de sable. Nous sommes par deux sur la largeur du bateau, à une dizaine de centimètres de l’eau, à contempler les rivages durant les heures de navigation qui nous entrainent au cœur de la jungle. On croise quelques pêcheurs, des bovidés qui se repaissent sur de petites plages et des jeunes filles toutes habillées s’apprêtant à se baigner. Des gens vivent ici, éloignés de tout, mais au cœur d’une nature vibrante et intacte.

Nous arrivons en fin de journée à Kuala Tahan, porte du Taman Negara. Nous logeons dans un dortoir à Mutiara, le seul hébergement au cœur de la jungle. Ceci nous permet de nous enfoncer dès notre arrivée dans la végétation épaisse, sur un sentier balisé. Nous croisons quelques singes, des écureuils, des sortes de phacochères et un iguane. Les arbres sont tout simplement immenses et la densité de la végétation est telle que la lumière peine à filtrer. Les chances d’apercevoir un tigre sont nulles. Ils sont plus loin et peuvent sentir l’odeur d’un homme à quatre kilomètres de distance, ce qui les fait fuir. Même les guides expérimentés n’en ont vu qu’en photo.

Mais la jungle c’est surtout ce que l’on ne voit pas, tout ce foisonnement de vie qui s’abrite facilement des regards dans l’épaisseur des feuillages ou la hauteur de la canopée. C’est aussi une sensation auditive, les bruits colorés et les branches qui craquent, la moiteur de l’air, la chaleur saturée d’humidité. Tout un univers de sensations indescriptibles qu’aucune de nos photos ne parvient à restituer. Un sentiment prédomine : le plaisir d’être là, minuscules voyageurs éphémères au cœur d’un des plus beaux sites de notre planète verte. Des milliers d’espèces animales et végétales forment ici un écosystème parfait.

Après un petit déjeuner sur un restaurant flottant au bord de la rivière, totalement ouvert sur une vue splendide, nous partons en balade sur la canopée grâce à des ponts suspendus à 60 mètres au-dessus du sol. Nous y rencontrons une famille de français réalisant un tour du monde en tandem (voir cycloglobetrotters.com). Sacré aventure avec trois enfants ! Nous nous retrouverons le soir pour dîner et les enfants joueront ensemble un moment. Nous nous recroiserons peut-être en Nouvelle-Zélande !

L’après-midi, nous traversons les rapides en pirogue pour nous rendre au village des Oran Asli. Le bateau tangue et de grosses vagues submergent la frêle embarcation, trempant complètement tous ses occupants. Première expérience de « rafting » pour les enfants qui jubilent, attendant les prochains rapides avec excitation. Un manège « grandeur nature » !

À suivre...