Nous travaillons tous les deux dans le domaine du handicap, alors cette question nous taraude. Quel que soit le niveau de développement des pays du monde, le handicap touche environ 10 % de la population, pour des raisons différentes. Mais qu'en est-il des pratiques sociales face au handicap dans les pays que nous traversons ? Comment est-il pensé, vécu, accepté ou rejeté ?
En Amérique du sud
Manu -
JUIN 2013
Situation : Paraty, Brésil
En Amérique latine, le handicap est de plus en plus l’objet d’une préoccupation des pouvoirs publics. Cela passe par une attention particulière dans les lieux publics et des aménagements en faveur d’une accessibilité accrue. Des places réservées et des bus adaptés font leur apparition. Des panneaux signalent une « atencion preferential » au bénéfice des personnes handicapées, âgées ou enceintes. Les personnes obèses sont parfois incluses dans les mêmes dispositifs dans les gares ou autres lieux publics.
Cette idée d’attention préférentielle est plutôt séduisante, mais masque mal l’absence de dispositions efficaces la plupart du temps. En dehors des grandes villes et des aéroports, toujours plus adaptés, la chaine de déplacement est compromise par des aménagements urbains prenant peu en compte les différences de mobilité des habitants. Si au Brésil, on voit des magasins de matériel spécialisé et même des fauteuils roulants électriques, Le Chili, le Pérou ou le Costa-Rica restent beaucoup moins équipés. Là, on voit en revanche beaucoup plus de personnes handicapées mendier dans la rue ou aux carrefours. Le peu de protection sociale existant en Amérique latine explique la précarité de bien des personnes en situation de handicap. D’autres occupent des emplois précaires, comme la vente de tickets de loterie dans la rue, mais aussi des emplois plus ordinaires dans des magasins ou aux guichets.
Au Brésil, la plupart des rues sont équipées de plots de guidage pour les aveugles et l’on trouve parfois des instructions ou indications en braille. Mais dans les petites villes, on sort assez vite des routes goudronnées pour se retrouver sur les chemins de terre peu praticables. L’ensemble donne l’impression de politiques publiques balbutiantes en la matière, de tentatives respectables, mais aussi d’une grande précarité des personnes handicapées dans un environnement qui se développe sans avoir encore réussi à sortir de la pauvreté de larges pans de la société.