Pura vida
Arrivant au matin, notre avion, en provenance de Los Angeles, survole des paysages montagneux où se dessinent nettement des silhouettes de volcans. Une fois posés, nous passons une partie de la matinée à arranger les formalités pour la location d’un véhicule. Il s’agit d’un 4X4 Toyota Prado 7 places, destiné à affronter les routes du Costa Rica et à accueillir, en plus de nous 4, nos parents, venus nous rejoindre ici pour partager l’aventure avec nous pendant 17 jours. Maryse, Momon et Jean n’arrivent qu’à plus de 21 heures le soir, ce qui nous laisse le temps de trouver notre hôtel près d’Alajuela, malgré l’absence totale de signalisation du nom des rues. La première chose toutefois, une fois au volant de notre mastodonte, sera de se payer un café digne de ce nom, ce qui n’est guère difficile au Costa Rica.
L‘arrivée en Amérique Centrale signe une nouvelle forme de dépaysement tout en présentant des aspects familiers. Notre espagnol n’est pas fameux, mais suffisant pour se faire comprendre dans les situations de la vie courante, d’autant que les gens se montrent amicaux et accueillants. Nous logeons dans une bâtisse aux airs d’hacienda, avec un charme latino qui n’est pas pour nous déplaire. Comme toutes les habitations du coin, elle est hautement clôturée. On joue ici facilement du barbelé et du métal pour sécuriser son espace personnel, au point parfois de construire sa propre prison. De grands rapaces noirs circulent dans les airs alors qu’une forme locale de crickets émet par moments un volume sonore digne d’une usine agricole, résonnant comme la promesse d’une vie sauvage riche et variée.
San José, la capitale du pays, donne le ton avec ses rues animées rythmées par les voix des vendeurs de ceci ou cela qui n’économisent pas leurs cordes vocales. La Cathédral Metropolitana se distingue dans une ville assez morne, montrant un pays où la ferveur catholique influence encore la vie des gens. En milieu d’après-midi, en semaine, elle regorge d’activité tandis qu’hommes ou femmes de tous âges prient ou déclinent un chapelet devant le saint sacrement exposé. L’église sent la ferveur alors que s’enchainent les signes de croix typiques du Sud, quand la petite croix s’invite dans la grande.
Nous trouvons doucement notre rythme alors que déclinent lentement les effets du décalage horaire. Le soleil se lève et se couche ici vers 6 heures. Levés de bonne heure, nous prenons la route vers le volcan Poas, le plus grand cratère actif du monde, situé à 2705 mètres d’altitude. La route serpente dans les montagnes et présente des dénivelés impressionnants, laissant apercevoir des plantations de cafés et de canne à sucre. Une petite randonnée nous mène du centre d’accueil aux bords du cratère, rempli d’un lac aux eaux grisâtres d’où s’échappe une fumée plus ou moins épaisse. Celui-ci est situé à l’intérieur d’un cratère plus grand d’un kilomètre de diamètre et profond de 300 mètres.
En chemin, les camions à l’américaine captent les regards tandis que nous prenons la direction du Pacifique, non sans croiser un restaurant nommé « Cuenca » ! En route vers Monteverde, nous expérimentons diverses sortes de routes, de l’autoroute où l’on fonce à 80 km/h, au chemin de montagne en gravier justifiant l’usage intensif des 4X4 au Costa Rica, tandis que s’alignent les kilomètres sur des pentes à 15 %, longeant de profonds ravins. L’oxygène se raréfie en montant vers la forêt tropicale humide, gorgée de biodiversité. La « pura vida » costaricaine nous attend !