Eloge de la lenteur
À nouveau en « sac à dos », nous arrivons à San José par le bus public qui nous dépose à la gare routière. De là, malgré les informations contradictoires, nous parvenons après une longue marche dans les rues de San José au terminal des bus en direction de Manuel Antonio, sur la côte pacifique. En chemin, nous passons devant une église et sommes interpellés par la batterie, les guitares électriques et la qualité du chant d’un groupe qui anime l’office avec un son de concert. Ça swing dur chez les évangélistes !
En descendant du bus, nous sommes accostés par un gars nommé Oscar, qui nous conduit vers l’auberge de jeunesse, avec des indications sur les prix et les prestations des divers « backpackers » du coin. Il repart ensuite sans rien demander. Le confort est des plus spartiates dans notre chambre minuscule à deux petits lits, mais il y a une piscine et surtout, nous sommes à 150 mètres du parc National Manuel Antonio et de la plage. Une petite virée aux alentours sera l’occasion d’une belle entrée en matière avec la présence de deux toucans qui évoluent ensemble. Ces oiseaux sont tout simplement somptueux. Faisant fi de la différence de taille, de petits oiseaux jaunes les attaquent courageusement en plein vol, certainement pour protéger leurs œufs.
Le coucher de soleil prend sur la plage une dimension fantastique, dans un mélange de couleurs se reflétant sur le sable encore humide des vagues qui vont et viennent avec force. La plage est grande, l’eau est chaude et le décor superbe. Dès l’apparition du soleil le lendemain, il fait très chaud. L’appel de la plage devient alors irrésistible, si l’on prend soin de choisir un endroit loin du panneau indiquant la contamination des eaux par du « material fecal » ! En chemin, nous croisons un groupe de singes capucins.
Les iguanes sont nombreux à avoir élu domicile dans le parc Manuel Antonio. On en observe facilement de toutes tailles sur le sol ou dans les arbres. Plus étonnante est la démarche du basilic (ou lézard Jésus-Christ) qui court sur ses pattes arrière quand il s’enfuit, avec une vélocité qui lui permet à l’occasion de marcher sur l’eau. Au sein de ce parc terrestre et maritime, ce qui fut une île est désormais relié à la terre par un « tombolo », une accumulation de sédiments recouverts d’une végétation luxuriante. Lorsque l’on marche dessus, on voit et on entend l’océan des deux côtés. C’est là que nous croisons deux ratons laveurs qui avancent masqués, puis disparaissent rapidement dans la végétation. Les plages du parc sont magnifiques et bordées d’une nature vibrante.
Parti faire les courses au village, j’emprunte sur la gauche un chemin qui semble ne mener nulle part, mais qui s’enfonce vers la forêt. Là, un paresseux déambule sur une branche, avant de descendre à l’aide d’une liane vers un arbre plus bas. Sa lenteur n’empêche ni l’agilité, ni une certaine efficacité. Un mouvement après l’autre, sans agitation inutile, il fait son bonhomme de chemin dans la végétation, si bien que je finis par le perdre de vue quelques minutes. Je pique un sprint vers l’auberge pour prévenir Cathy et les enfants, avec l’espoir que le paresseux poursuive sa descente. Mais en revenant sur les lieux, nous sommes attaqués par une bande de chiens ridiculement petits et moches, mais féroces. Obligés de rebrousser chemin, nous apprenons que nous sommes sur une propriété privée dont les propriétaires se gardent bien de rappeler leurs cabots. Ce qui devait être un moment magique se transforme en mésaventure, et nous pestons contre les barricades et barbelés qui poussent, au Costa Rica, aussi bien que la végétation.