D'une route à l'autre
Une route sinueuse serpente à travers la péninsule de Coromandel sur de longs kilomètres avant de nous conduire à Hahei. Près de là, à Hot Water Beach, une curiosité de la nature permet, à marée basse, de creuser dans le sable pour faire remonter de l’eau chaude pouvant atteindre 64°C. Nous arrivons sans le savoir au bon moment pour louer une pelle et tenter de faire notre trou. Mais la source est bien localisée, et nous partageons ces moments insolites avec d’autres touristes avides de tremper leurs fesses dans l’eau chaude. L’ambiance est conviviale et en mélangeant l’eau froide et l’eau chaude, nous parvenons à jouir d’une piscine à bonne température.
C’est près d’une plage de sable blanc que nous planterons la tente avant de rejoindre le lendemain matin « Cathedral cove », après une petite heure de marche. Sur une plage sublime, des rochers émergent d’une eau tumultueuse, tels des vainqueurs faisant la nique aux lois de l’érosion. Mais la formation rocheuse la plus célèbre est une arche d’une vingtaine de mètres sur quinze permettant de rejoindre les deux côtés de la plage en passant sous la montagne. Nous sommes sur les lieux du tournage du film « Le monde de Narnia, Prince Caspian », dans un décor où le blanc des roches calcaires défie le bleu de la mer, non sans nous rappeler quelques paysages de Provence. L’ensemble est enchanteur dans la lumière du matin où la mer s’épuise en rouleaux.
Nous reprenons ensuite la route jusqu’à Miranda où nous devions rencontrer 40 000 oiseaux migrateurs. L’odeur est bien là, mais les oiseaux ne seront pas au rendez-vous avant le soir. Alors nous quittons cet endroit perdu pour descendre, après quelques tâtonnements et une longue route, jusqu’à Raglan, un haut lieu du surf. Nous avons besoin de repos et laisserons la tente quelques jours pour profiter du confort d’une « cabine » avec lits et cuisine dans un camping bordé d’une plage de sable noir. Notre seule excursion pendant deux jours sera consacrée à Manu Bay, un point break où se tiennent des compétitions de surf, mais où la mer en ce jour est aussi plate qu’elle peut l’être. Pas d’oiseaux, pas de vagues, mais du repos, des couchers de soleil et des pleines lunes sublimes qui s’habillent en jaune-orangé.
Les centres d’informations de Nouvelle-Zélande sont généralement de grande qualité, mais celui d’Arataki atteint des sommets et mérite en soi une visite, avec ses présentations, cartes, jeux et plateformes d’observation permettant une vue à 360° sur les Waitekere ranges et la ville d’Auckland. Nous y observons avec curiosité des geckos Mokomokos dont la peau semble constituée de perles de différentes couleurs où le vert pomme prédomine. Une sauterelle se fait gober par l’un d’eux alors qu’une autre lui grimpe sur la tête, estimant, soit que ce refuge précaire lui sauvera quelques instants de vie, soit qu’il vaut mieux en finir rapidement.
Mauvaise nouvelle. Nous avions prévu d’aller à Murawai beach, où une colonie de fous de Bassan a élu domicile en haut d’un piton rocheux. Ces oiseaux de mer fascinants plongent à plus de 140 km/h en piqué dans la mer pour aller pêcher sous l’eau. Mais l’accès est fermé et nous devons changer nos plans. C’est dans le hameau de Piha que nos sardines s’enfoncent, en bordure de la mer de Tasmanie. Sur la plage de sable volcanique trône le « lion rock », un immense rocher qui s’étale entre plage et mer tel un sphinx. Ce petit hameau présente un charme fou. Les maisons, accrochées sur des roches escarpées se jetant dans la mer, pourraient faire la une de « Maison Magazine ». À la nuit tombée, elles scintillent et accentuent la hauteur de la baie. Minuscules au milieu de cette nature sauvage, nous nous endormons dans notre micro tente.