MONDUS VIVENDI

Bleu pastel

Pushkar, avec ses 1500 habitants et ses quelques yogis en retraite, propose une vie calme et apaisée. En pénétrant dans le village, on découvre au fil des ruelles des personnages avec des looks incroyables, des barbes jusqu’au nombril et les cheveux longs emmêlés jusqu’au dernier. Si certains sont là aussi pour la photo et les quelques roupies qui vont avec, leur présence donne au lieu une atmosphère de vie rêvée de l’Inde des années Woodstock. Quelques sâdhus vivent pour leur part une expérience spirituelle des plus exigeantes. On rencontre aussi d’authentiques beatniks occidentaux en plein trip spirituel, avec le point de couleur entre les yeux et les dreadlocks, en quête d’une alternative au monde cruel de la consommation de masse. Quelques herbes illicites peuvent aider, à ce qu’il parait. Les nombreux commerces se sont adaptés à une clientèle venant ici pour méditer, se faire masser, pratiquer le yoga ou apprendre la musique. Nul besoin d’une longue préparation vestimentaire, on trouve ici ce qui se fait de meilleur en fringues baba cool.

On est en tout cas dans un « haut lieu », rempli, intense, où les murs bleu pastel murmurent un message de paix lorsque le soleil caresse en tombant les eaux du lac. Au son des percussions, nous contemplons le spectacle et le défilé de vaches, sâdhus, mendiants et touristes qui arpentent les marches. Avec ses 400 temples, Pushkar reçoit une foule de croyants venant faire des ablutions, déposer des fleurs dans l’eau tranquille du lac bordé d’escaliers (les gâths) ou pratiquer quelques-uns des innombrables rituels hindous.

Se trouve ici le seul le temple dédié à Brahma, le Créateur, ce qui fait de cette petite bourgade, un peu perdue aux environs d’Ajmer la musulmane, un lieu de pèlerinage hindou très prisé. Le régime est strictement végétarien et sans alcool dans toute la ville. Les vaches de toutes races sont ici chez elles, mais doivent partager la vedette avec les dromadaires. Nous sommes ici aux portes du désert et tous les ans se tient la « Pushkar fair », une monumentale foire aux chameaux rassemblant 600 000 personnes.

Nous aimons à nous perdre dans la campagne environnante au point de faire une partie du chemin dans le lit d’une rivière en construction, travail colossal destiné à acheminer de l’eau jusqu’ici. L’ascension d’une des collines bordant la ville nous offrira un point de vue imprenable sur les étendues semi-désertiques et montagneuses des environs. Au sommet se dressent un temple et un magasin diffusant la radio avec le maximum de volume que permet le haut-parleur fatigué. En chemin, une colonie de singes langurs se prête aux rituels d’épouillage tandis que les plus jeunes se prêtent à toutes les facéties pour éprouver leur agilité. Sur le retour, au milieu de chèvres en plein combat pour le droit de reproduction, un gros langur mâle adulte fonce tête baissée dans notre direction avec puissance. Il nous frôle tandis qu’il tente d’échapper aux deux chiens qui chassent l’audacieux de leur territoire.

Touristique, la petite ville de Pushkar est beaucoup plus fournie que l’immense Jaipur et nous trouvons ici facilement dentifrice, céréales, mentos, etc. ; et même crêpes et pizzas. Une halte de 3 jours à Puskar est rafraichissante, mais il est temps de « rouler notre bosse » encore plus en retrait de la vie urbaine : direction Todgarh, village inconnu des guides touristiques où Nassim se propose de nous conduire.