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MONDUS VIVENDI

Un tour du monde en famille

grenouille
carte ancienne accueil
Carnet de route - INDE
Arrivée : 29 OCTOBRE 2012 - en provenance de Dempasar (Bali)
Départ prévue : le 27 novembre 2012 - Vers Bangkok, en Thaïlande


Le désert du Thar

Nous roulons vers la frontière pakistanaise en plein désert du Thar après avoir dépassé de 40 kilomètres la ville de Jaisalmer. Sous une chaleur écrasante, le paysage défile en rejouant son inlassable aridité. Une halte dans un resto local donne le ton : la carte toute en hindi, les épices genre dynamite pour boyaux, nous atteignons le bout du monde, s’il en est un. Mais quel bout du monde ! chameauNous sommes enfin dans le silence. Nous investissons notre petite hutte et partons à dos de dromadaires pour admirer le coucher de soleil dans les dunes. Après l’appréhension de la mise sur pattes, la démarche cadencée de ces camélidés nous amusera tels des enfants sur un nouveau manège. Ce paradis de sable nous ravit autant que les garçons. Ils courent, glissent, roulent sur ces dunes immaculées où seuls quelques petits scarabées déposent leurs empreintes. Nous sommes admiratifs de l’étendue désertique et du silence qui s’en échappe. Tout est là !  L’Inde, pays aux mille couleurs qu’il aura fallu apprivoiser, nous présente un visage plus doux, mais non moins rude à vivre.


femmes allant au puitAu rythme des allées et venues aux puits pour alimenter le quotidien en eau, les femmes aux saris colorés défilent avec leurs poteries sur la tête. Chacune arrive avec sa corde et son baquet de cuir ou de caoutchouc servant à récupérer le précieux liquide. Des petites filles d’à peine 5 ans sont déjà entrainées à porter en équilibre sur la tête leur petit fardeau. Elles n’auront bientôt plus besoin de s’aider de la main, celle qui réclame aux touristes de passage des « school pen » pour une école qui s’évapore tel un mirage quand on s’en approche. Les enfants vaquent ici librement à leurs occupations et se construisent des jouets, tels ces chameaux en fil de fer qu’ils nous montrent fièrement. Certains puits sont alimentés par des nappes d’eau douce servant à la consommation ; d’autres sont emplis d’eau salée utilisée pour la lessive où le ménage. La zone est semi-désertique et offre une végétation clairsemée, mais suffisante pour les chèvres, chameaux et vaches que conduisent de vieux bergers enturbannés et en sarong, ou de très jeunes enfants armés d’un simple bâton.


À la nuit venue, nous nous installons dehors sur des sofas, tel que devaient le faire les princes des mille et une nuits, pour assister aux chants et danses traditionnels. Les enfants retiendront les prouesses du cracheur de feu, et nous ces sonorités orientales du désert portées par les voix nues et des instruments jusqu’alors inconnus. Une famille de spectateurs indiens se lève constamment pour jeter des billets sur la tête des saltimbanques, tels des rois jetant leurs restes à la populace. Le geste nous semble empreint de mépris et la supériorité du père, transpirant dans son attitude et sa démarche, nous heurte.cracheur de feu Cette expérience nous a touchés. Anecdotique ou non, elle ne fait que révéler avec plus d’acuité ce que nous observons au quotidien des rapports entre les gens. Les Indiens ne se pensent pas tous égaux et la respectabilité va de pair avec la caste d’appartenance. Brahmanes, guerriers, commerçants ou intouchables sont toujours reconnaissables dans ce nord de l’Inde fidèle à ses traditions. Ce rapport de supériorité est déstabilisant pour les Occidentaux que nous sommes. La violence des guerriers rajputs semble avoir marqué pour longtemps cette terre ingrate où les visages fermés semblent encore loin du nirvana. Le breakfast pris au petit matin face au désert nous ramènera à plus de paix et la journée se déroulera au rythme lent du désert caressé par la brise.

village


Les villages voisins aux murs enduits de terre et aux maisons de pierres jaunes transportent le promeneur dans l’Inde médiévale. Quelques concessions à la modernité de ci de là, tels ces fils électriques qui traversent le ciel ne peuvent masquer la frugalité du mode vie de ces populations isolées. Une horde d’enfants nous entoure de façon invasive dans un contact intéressé qui nous pousse à battre en retraite. Au pas bivouacdes chameaux qui nous portent à travers le désert, nous retournons tranquillement vers les dunes en fin de journée. La vie sauvage se révèle discrètement aux regards attentifs : geckos couleur sable, antilopes furtives, souris des sables, oiseaux, etc. Les serpents et coyotes restent invisibles, donc rien à craindre pour notre nuit à la belle étoile ! Après le repas, nos lits de camp seront chargés sur la jeep et direction les dunes. La lune est rousse, les étoiles scintillent par millier et le silence du désert nous enveloppe de sa douceur. Ensevelis sous une montagne de couettes, nous nous laissons glisser dans le rêve.


Mais nous sommes en Inde… le réveil se fera donc sous les palabres amplifiées d’Indiens venus assister au lever du soleil à 300 m de notre campement. Heureusement, notre ange gardien de la nuit fera un petit feu pour rendre à ce moment toute sa quiétude. Le ciel est d’une rare beauté, le chant des oiseaux adoucit la mélodie ambiante et la vue des chameaux déambulant à pas cadencés sur les dunes environnantes nous enchante. Titouan et Estéban sont ravis de cette première expérience de nuit à la « jolie lune ».


haveliLa ville fortifiée de Jaisalmer, postée sur l’ancienne route de la soie, était un haut lieu du commerce de l’opium et du brigandage. La vielle ville est toute en pierres dorées et en ruelles étroites où de superbes Haveli (maisons bourgeoises) révèlent un savoir-faire incomparable dans l’art des belles demeures, entièrement sculptées à la main. On y trouve le fils du détenteur du record des plus longues moustaches (brigand notoire considéré comme de Robin des bois local) qui déroule les siennes jusqu’au bout des bras pour quelques roupies. Nous visitons la ville en compagnie d’un guide francophone ne cachant pas sa frustration devant le poids qui pèse sur chacun ici et l’impossibilité, dans les faits, de choisir son conjoint, encore aujourd’hui. Paradoxalement, malgré sa souffrance de vivre avec une femme qu’il n’aime pas, quand nous lui demandons s’il offrira cette liberté à ses enfants, il répond : « Ici, on est tous (l’) égoïste ; moi aussi ».

garçons


Après une nuit dans la « cité dorée », nous reprenons la route vers Bikaner, autre ville du désert, sur le chemin du retour vers Delhi. Naseen, notre chauffeur, nous arrêtera en route dans un petit village où des oiseaux migrateurs font halte quelques mois avant de repartir. Nous passons un moment magique en compagnie de ces immenses volatiles au vol puissant, dont nous partageons, pour quelque temps, le mode de vie nomade. Allez, on bouge…

 

 

 

dés romains

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