Un voyage autour du monde est l'occasion d'étonnements et de refléxions. La rubrique "pensées vagabondes" est ici pour partager la dimension philosophique de notre aventure. Les évenements, monuments et situations rencontrées sont prétexte à des articles sur nos regards et sur nos vies, sur l'Homme et toutes ses bizzareries...
La couleur du ciel
Manu -
aout / septembre 2012
Situation : entre la France et la Chine
Quelle est la couleur du ciel, ailleurs ?
Ce n'est pas demander de quelle couleur est le ciel.
C'est autre chose, de plus subtil, de moins évident.
On sait bien que la couleur du ciel change tout le temps, et qu'elle n'est qu'une illusion d'optique parmi toutes celles qui régissent nos vies.
On sait aussi qu'ailleurs elle est plus bleue, plus orangée, plus noire et plus étoilée.
Le ciel n'a-t-il donc pas de couleur, qu'il prenne sans cesse celle que nos regards lui prêtent ?
On sépare l'atmosphère en plusieurs couches, d'inégales épaisseurs, sans qu’il soit possible en fin de compte de définir une limite précise entre l’atmosphère et l’espace, celle-ci variant de 30 à 60 km environ selon que l’on soit au-dessus des pôles ou de l’équateur. Le ciel fait partie intégrante de la terre, il ne se contente pas de l'enrober. Là, le ballet des nuages dessine sans relâche la grande danse des climats. Comme sur tout le reste de la planète, on y a tracé des couloirs de circulation, délimité des espaces aériens, reflets du découpage des États. Jusqu'à quelle hauteur l'espace aérien d'un pays est-il défini ? Sans limite de hauteur, l'univers entier serait alors partagé entre les 230 et quelques États politiques créés avec plus ou moins d'artifice de mains d'hommes ? De quel pays font donc partie Cassiopée ou la nébuleuse du Crabe?
La rotation de la Terre rend efficacement cette perspective absurde. Pourtant, n'a t’on pas été planter un drapeau jusque sur la lune, prémisse d'une appropriation fallacieuse. Dommage pour ceux qui hériteraient de la face cachée. Ils seraient privés de cette vue fabuleuse sur la planète bleue, joyaux de l'univers. On y voit un seul ciel, sans frontières, planant au-dessus des terres fertiles ou arides ; le même oxygène nourrissant le souffle vital à La Paz ou à Jérusalem (Yeru shalem, « ville de la paix »).
Heureusement, seuls nos regards indiscrets scrutent l'univers quand, à la faveur de la nuit, la limite entre le ciel et l'espace s'efface. Avec des tonnes de déchets technologiques en orbite autour de la terre et des milliers de satellites qui se promènent au-dessus de nos têtes, il est heureux que nous ne sachions pas aller plus loin.
La couleur du ciel est une question de longueur d'onde, la paix aussi.
Elle est aussi liée à un appareillage oculaire, très différent selon les espèces. Comme tout élément de la réalité, il est impossible de séparer l'observateur de la chose observée. Philosophes et physiciens se sont heurtés à la même question : existe-t-il une réalité en dehors d'une perception de celle-ci ? Le bleu du ciel est-il toujours aussi bleu dans le regard d’un chat ou d'un homme triste? Le bleu béni par les vacanciers est le désespoir des paysans en attente d'une mousson salvatrice.
Alors quelle est la couleur du ciel, ailleurs ? Certainement pas la même.
A partir d'ici :
- Article suivant : " Confucius"
- Laisser un commentaire, enrichir la discussion...
- Article précédent : "Profitez un maximum"